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Marie Reinert, Roll on Roll off

Marie Reinert, Roll on Roll off

—2009.05.20

Il ne s’agit pas pour Marie Reinert de faire un documentaire, mais plutôt de conduire une sorte de fiction/imaginaire sur la question de la contingence toute particulière du chargement de personnes et de biens sur la mer où tout peut aussi basculer à l’occasion d’une simple traversée de la Méditerranée.

Le protocole de tournage fixée par Marie Reinert, permettra de mettre en exergue le rapport homme-machine, architecture et fonction mécanique, flux et organisation du mouvement, dont la perte de repère géographique et fonctionnelle apportera une dimension fictionnelle recherchée. La part laissée à la dimension sonore est en cela entièrement prise en compte, puisqu’elle se dote des moyens nécessaires pour les prises de sons.

Marie Reinert (née 71) emprunte le langage de la performance et de la danse dans son travail de vidéaste et se pose donc ici dans ce travail la question de la restitution de ces évènements dans des lieux publics et privés. En 2002, dans un travail intitulé “Valeur ajoutée”, elle a montré le corps comme support mit à disposition du public à la place des produits les moins chers qui se trouvent installés dans les rayons les plus bas de supermarchés (Attac, à côté du Plateau). Les clients se convertissaient en objet de consommation : en échelle, en fesses offerts, etc…A Mains d’oeuvres en 2004 elle a filmé le stress que reçoit psychologiquement le gardien de but. Fascinée par le positionnement de la caméra dans l’espace, elle essaye de mettre systématiquement en place une sorte de protocole de travail afin de collaborer également avec une plus grande rigueur avec d’autres personnes, comme par exemple avec des commerciaux (cf. Les Laboratoires d’Aubervilliers) pour qu’ils puissent par exemple photographier la salle de réunion de leur lieu de travail. Selon des contraintes définies en amont, elle avait également mit en place dans le Parc de la Villette, une sorte de ligne imaginaire composée de 50 personnes qui formaient un mur dans le parc. Ces propositions spatiales renvoient inévitablement à ce que l’on partage avec les autres ou pas et elle démontre aussi la manipulation que l’on peut obtenir. Elle a emprunté au monde des archéologues leur méthode de travail, dans un travail intitulé ‘fouille’ et qui dans cette collaboration avec des architectes met en exergue, comme les archéologues auraient pu le faire, tous les éléments du bureau fouillé. Toujours fascinée par la question du travail, elle a réalisé également une sorte de diaporama sur les bureaux de Matra avant leur délocalisation. Elle a récupéré des tables, objets du travail en faisant des propositions d’arrangements à l’occasion d’une expo. au Plateau. Marie Reinertse pose donc en intermédiaire entre différentes économies. A l’occasion de la première Biennale des Ateliers de Rennes, elle a travaillé aux Archives Départementales d’Ile et Vilaine où elle a sollicité un ergonome pour parler du corps dans l’univers des archives, en essayant de restituer le bruit de la ventilation du bâtiment, comme dynamique du film. Cette projection est légèrement ralentie à certains moments pour mieux mettre en rapport la mémoire, les espaces étant plutôt vides. Fortement inspirée de Cronenberg, elle a mit en relief les processus d’enregistrement des agents qui sont censés montrer une certaine hiérarchie des gestes et des usages revisités, en l’absence d’objets.

La demande d’allocation de recherche porte sur :

Il s’agit d’un projet qui s’intitule “Roll on Roll Off” , une vidéo prenant place dans l’univers du frêt de marchandises entre Marseille et Alger. Une trilogie autour de la question du flux des marchandises. Son projet , dit “Roll on Roll Off” propose 4 traversées Marseille/Alger pour accompagner le frêt de marchandises. Elle a ainsi déjà fait un stage au sein d’une société d’armateur Marseille pour se familiariser et anticiper son projet qui inclut un nombre conséquent de personnes. Ce dont elle veut rendre compte, c’est non seulement la question du déplacement géographique, mais aussi celui de la situation presque organique qui s’opère dans ce territoire du bâteau, entre les aléas de la mer, le chargement, l’organisation et le déchargement et le retour où le navire rentre pratiquement à vide d’Alger.

L’artiste a déjà su réunir des gens du métier ( Mécènes du sud et Marfret entreprise qui apporte son soutient logistique+financement des voyages Marseille/Alger) et il est envisagé que le film puisse être montré dans le cadre du Festival de Marseille 2010 ; le Frac Paca a exprimé aussi son intérêt pour la diffusion et souhaite être co-producteur.

Elle a magnifiquement réunit les éléments pour réaliser son projet de recherche où tout reste encore à définir, puisque la mer comme les êtres qu’elle a l’intention de filmer peuvent composer ou pas avec elle et devra certainement improviser.

Suis convaincue par les intentions de l’artiste que je trouve très juste à une période où la valeur du travail et des flux échangés (ou pas) reste le noeuds de nos vies. La dimension chorégraphique de son travail apporte également dans son travail de recherche une valeur forte, un autre langage jamais figé, tout en interrogeant de nouvelles temporalités en devenir.

Cécile Bourne-Farrell, le 20 mai 2009

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